Le présent blogue, consacré au patrimoine oublié de l'ancienne seigneurie de Braine-le-Château et des environs immédiats, est dédié à la mémoire de Monsieur Paul LOUIS, humaniste, journaliste, écrivain, décédé à Tubize le 19 avril 1992 âgé de 81 ans. Il fit graver, en 1967, la devise latine reprise en sous-titre sur le fronton de la porte d'entrée de sa demeure sise Rue du Sacrement, 1 à Braine-le-Château (Wauthier-Braine). Cette sentence est surmontée d'un blason portant une rose à huit pétales brochant sur une plume posée en barre ; cimier : un paon rouant.
INTRODUCTION HISTORIQUE.
Armoiries de Braine-le-Château
Site du syndicat d'initiative
Site des Francs Archers
Site officiel
C.I.R.G.
"Ecartelé aux 1 et 4 d'or à trois huchets de gueules virolés d'argent, aux 2 et 3 d'argent à deux chevrons de sable".
Modification récente des armoiries (1991) en raison de la fusion avec Wauthier-Braine (1977). En 1 et 4, armes de la Maison de Hornes ; en 2 et 3, armes de l'ancienne abbaye cistercienne de Wauthier-Braine.
Braine-le-Château (ainsi qu’Haut-Ittre qui en constituait une sorte de dépendance) était compris dans l’antique dotation que le chapitre des chanoinesses de Mons dut à sa fondatrice Sainte Waudru (VIIème siècle).
C’est en raison de cette dépendance à l’égard du chapitre montois qu’à l’époque du morcellement de l’empire de Charlemagne, Braine-le-Château connut un sort différent des localités voisines : tandis que la plupart de celles-ci reconnaissaient la souveraineté du comte de Louvain, Braine-le-Château et Haut-Ittre restèrent soumis au comte de Hainaut qui s’était emparé de la dignité d’abbé ou de supérieur du chapitre de Sainte-Waudru.
L'enclave du comté de Hainaut (détail d'une carte de 1764).
L’autorité des comtes de Hainaut et du chapitre de Sainte-Waudru était maintenue à Braine-le-Château par leurs deux vassaux principaux, l’avoué et le maire. Malgré les empiètements des avoués qui s’arrogèrent bientôt le titre de « seigneur » de Braine-le-Château, le chapitre de Sainte-Waudru y conserva toujours une seigneurie foncière, dite des Douaires, laquelle avait un maire, des échevins et le patronat de l’église.
En réalité, la localité ne connut qu’un seul maître, le seigneur (originairement avoué) qui était au XIIème siècle de la lignée des belliqueux sires de Trazegnies auxquels les chanoinesses de Mons avaient donné l’avouerie de Braine-le-Château pour la gouverner au nom du chapitre.
Succédèrent aux Trazegnies, Jean de Houdain et ensuite les Walcourt puis les Abconde. Tous ces seigneurs participèrent avidement aux guerres intestines de l’époque avec l’espoir d’agrandir leur domaine et d’étendre leur pouvoir au grand dam des populations locales.
Le dernier Abconde, Jacques, eut une vie particulièrement agitée et dut se résoudre à vendre Braine-le-Château (et Haut-Ittre) à Jean de Hornes, seigneur de Baucignies « par devant le bailli et les hommes de fief du chapitre de Sainte-Waudru ». L’acte de cession fut signé en l’hôtel de Bourgogne à Gand et est daté du 21 juin 1434. En même temps, Jean de Hornes acquérait le domaine de Gasbeek qu’il transmit avec Braine-le-Château à ses descendants.
La fin du XVIème et le XVIIème siècle furent désastreux pour Braine-le-Château (destructions, pillages, exode de population). Le 1er avril 1668, les Français brûlèrent le château et le village.
Le 13 août 1666, Philippe-Eugène de Hornes ainsi que ses frères et sœurs vendirent Braine-le-Château (et Haut-Ittre) pour la somme de 70.000 florins à Jean-Philippe-René d’Yve, seigneur d’Ostiche. Toutefois, dès le 11 juillet 1670, on en opéra le retrait au nom de Lamoral Claude-François, comte de la Tour et Taxis et du Saint-Empire romain, grand maître héréditaire des postes, chambellan des empereurs Ferdinand III et Léopold I, et de sa femme Anne-Françoise de Hornes, l’aînée des sœurs du comte Philippe-Eugène, que le comte de la Tour et Taxis avait épousée à Braine-le-Château le 6 février 1650..
Maximilien-Charles de Tour et Taxis aliéna les biens de Haut-Ittre le 14 mai 1835 à M. Jean-Baptiste ‘t Serstevens pour la somme de 175.000 frs et ceux de Braine-le-Château le 28 du même mois au comte Eugène-Gaspar de Robiano pour 730.158 frs. Les biens de la famille de Robiano ont été partagés entre les comtes Louis Cornet de Ways-Ruart et Ludovic de Meûs d’Argenteuil, héritiers de la comtesse Stanislas de Robiano par leur mariage ; ce sont les héritiers de Louis Cornet de Ways-Ruart qui sont, de nos jours, les propriétaires du vieux château féodal.
Sources :
- J. Kempeneers : Braine-le-Château en roman païs de Brabant - Duculot 1948 ;
- H. Meurant et J-L. Van Belle : Braine-le-Château et son passé - La Taille d'Aulme 1967.
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Plan du site
Parcours historiques :
I. Les chapelles et potales de Braine-le-Château.
II. L'abbaye cistercienne de Nizelles.
IV. La clé dans les armoiries de la commune d'Ittre.
V. L'église romane Saint-Laurent de Haut-Ittre.
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I. LES CHAPELLES ET POTALES DE BRAINE-LE-CHATEAU.
Remarques liminaires :
Les descriptions, données et dessins de ce premier parcours historique sont issus des "Annales du Cercle historique et folklorique de Braine-le-Château, Tubize et des régions voisines" - Tome V - 1982/1983 - "Inventaire des petites chapelles et potales de la paroisse St-Remy" - Jacques Parvais et Maurice Daneau.
L'ordre de présentation des édifices est également emprunté à cet ouvrage.
Les chapelles retrouvées lors du dernier recensement de 2007 sont présentées, après leur fiche descriptive, d'abord sous forme de photo, puis de dessin.
Un "clic" sur toute illustration offre son agrandissement.
La chapelle Notre-Dame-au-Bois - Aquarelle de A. Michen
AVANT-PROPOS.
Une multitude de chapelles sont disséminées à travers la campagne brainoise, blotties au coin d'un bois touffu, placées aux carrefours des chemins, délimitant parfois nos communes, protégeant toujours nos vieilles fermes, jalonnant nos sentiers escarpés ; ces chapelles qui rappellent au passant, soit une grâce obtenue, soit un évènement important, souvent grave.
Les photographies de ces témoins d'un passé si attachant ont été réalisées durant l'année 2007 par un couple de passionnés. De nombreuses chapelles sont fortement dégradées ou ont même totalement disparu depuis les derniers recensements effectués en 1964 et 1983 par Messieurs J.Parvais et M.Danau.
Lieux de dévotion abandonnés, délabrés...
Pélerins du web, attardez-vous quelques instants sur la richesse historique de cette parcelle importante mais oubliée de notre patrimoine.
Puissent nos petits-enfants encore connaître "de visu", dans les années futures, ces oratoires campagnards et pas uniquement au travers de dessins jaunis ou de photographies placées sur internet par leurs grands-parents.
PRESENTATION DES CHAPELLES
1. Sainte Vierge (rue de la Libération, 1).
2. Notre-Dame de Hal (rue Mont Olivet, 9).
3. Sainte-Vierge (rue A. Latour, 11).
4. Sainte-Vierge (Grand'Place, 10).
5. Notre-Dame des Jeunes (rue de Tubize, face au 5).
6. Notre-Dame des Affligés (rue de Tubize, 46).
7. Notre-Dame de la Salette (rue de la Potterée, face au 1).
8. Sainte-Vierge (rue du Bailli, 2).
9. Stèle commémorative (rue du bailli, à gauche, à l'entrée du bois).
Cette stèle est érigée " A la pieuse mémoire du P.A. (partisan armé) Frans Verkleren odieusement assassiné par les Teutons le 4 septembre 1944 à l'âge de 33 ans. R.I.P (Requiescat In Pace - Qu'il repose en paix.)"
10. Saint-Roch (croisement rues St-Roch et de la Vallée).
11. Saint-Roch (rue Mathias, à "Florins", face au 1).
12. Notre-Dame-des-Sept-Douleurs (rue St-Roch, 13).
13. Saint-Joseph (rue Mathias, 41).
14. Saint-Joseph (rue Mathias, 26).
15. Saint-Véron (rue St-Véron, 18).
16. Saint-Véron (rue St-Véron-lez-Ferme Binchefort, 9).
17. Vestiges d'une chapelle (entreposés rue St-Véron, 40).
18. Sainte-Vierge (Vieux chemin de Hal, 22).
19. Sainte-Vierge (croisement rues Vieux chemin de Hal et rue de la Vallée).
20. Immaculée Conception (au Cheval blanc - chaussée de Hal, 45).
21. Saint-Antoine ("au Faubourg" - rue des Comtes de Robiano, 31).
22. Notre-Dame de Hal (rue de la Libération, aux Quatre-Bras, face au 29).
23. Sacré-Coeur (rue de la Libération, 72).
24. Sainte-Vierge (chaussée de Hal, 6).
25. Notre-Dame de la Miséricorde ("aux Fiefs" - rue Landuyt, face au 29).
26. "Barette" (rue Landuyt, 32).
Aurait été détruite en 1942.
27. Saint-Joseph (rue Landuyt, 89).
28. Notre-Dame de Hal (rue Landuyt, 106).
29. Saint-Antoine (rue Landuyt, 153).
30. Sacré-Coeur (rue des Quarante Bonniers, 5 - Wauthier-Braine).
31. Potale de l'Année Sainte (rue Beau Séjour, face au 2).
32. Sainte-Vierge (rue du Drabe, 34).
33. Sainte-Vierge (rue de l'Abbaye, 16).
34. Notre-Dame de Hal (rue Radoux, 67).
35. Notre-Dame de Hal (rue Cabiau, 7).
36. Sainte-Vierge (chaussée de Nivelles, 37).
37. Sainte-Marie (chaussée de Nivelles, 156).
38. Sacré-Coeur (chaussée de Nivelles, 174).
39. Saint-Roch (rue Fonteny, 2).
40. Enfant Jésus de Prague (sentier Fonteny, 22).
41. Saint-Cornelis (orée du Bois de Samme).
42. Notre-Dame de Lourdes (Bois de Samme - en contrebas de la rue du Grand Lombroux, 1).
43. Sainte-Vierge (croisement rue Minon et Vieux chemin de Wauthier-Braine).
44. Sainte-Bernadette (rue Auguste Latour, 20).
45. Sainte-Rita (via prairie rue N-D-au-Bois, 25).
46. Notre-Dame des Flandres (rue N-D-au-Bois, 46).
47. Sainte-Vierge ("Les Petits Miains" - l'Ermitage, en bordure de sentier).
48. Sacré-Coeur de Jésus (rue les Cullus, 6).
49. Saint-Joseph (rue du Bois d'Apechau, 23).
50. "Chastecair" (Vieux chemin de Nivelles, 20).
Aurait été détruite vers 1970.
51. Notre-Dame de Lourdes (Vieux chemin de Nivelles, 59).
52. Notre-Dame de Lourdes (Vieux chemin de Nivelles, 59).
53. Notre-Dame des Flandres (Vieux chemin de Nivelles, 108).
54. Notre-Dame de Montaigu (Vieux chemin de Nivelles, 67).
55. Sainte-Berline (Vieux chemin de Nivelles, 120).
56. Saint-Roch (Vieux chemin de Nivelles, 126).
57. Saint-Jean (Vieux chemin de Nivelles, 128).
58. Notre-Dame de Hal (croisement Vieux chemin de Nivelles et rue du Bilot, 140).
59. Sainte-Vierge (rue d'Hurbize, face au 2).
60. Notre-Dame de Hal (rue d'Hurbize, 4).
61. Sainte-Thérèse (rue d'Hurbize, 8).
62. Notre-Dame de Hal (chaussée de Nivelles, 208).
Située à gauche dans la cour intérieure de la ferme Winckel, chaussée de Nivelles, 208, dédiée à Notre-Dame de Hal (statue en plâtre), dimensions :
- hauteur : 1740 mm
- largeur : 960 mm
- profondeur : 540 mm
Sur le mur extérieur droit, on trouve les initiales "J.W." (Jean Winckel) et la date de construction 1-10-61.
63. Notre-Dame de Lourdes (rue de Mont-Saint-Pont, 66).
Située dans la cour intérieure du Moulin Paulin Brancart, rue de Mont-Saint-Pont, 66, dédiée à Notre-Dame de Lourdes (statue en plâtre), dimensions :
- hauteur : 600 mm
- largeur : 470 mm
- profondeur : 220 mm
Elle est encastrée dans le mur gauche d'une dépendance et possède, comme fermeture, une tôle ouvragée. Cette potale daterait de l'époque du Moulin Marin (1836).
64. Notre-Dame de la Victoire (rue de l'Ermitage, 35).
Placée à environ 2,5 mètres de hauteur, dans la façade de la cour intérieure de la maison sise rue de l'Ermitage, 35, cette potale "en fer à cheval" est dédiée à Notre-Dame de la Victoire. A l'intérieur, une jolie statue.
Le bâtiment très ancien construit en briques dites "espagnoles" laisse préjuger que la chapelle, encastrée dans le mur, est de la même époque que le corps de logis.
65. Sainte-Vierge (rue de Tubize, 9).
Construite vers 1960, en même temps que la maison sise rue de Tubize, 9, cette potale, placée à 1,30 mètre du sol, abrite une jolie vierge en pierre de France dans sa niche de :
- hauteur : 780 mm
- largeur : 350 mm
- profondeur : 200 mm
66. Notre-Dame des Champs (rue de Tubize, 21).
Au dessus de la porte d'entrée de la maison sise rue de Tubize, 21, se trouve une petite niche. Une statuette en terre cuite de Notre-Dame des Champs y est logée. Elle fut achetée par Mademoiselle Ghislaine Paquet et offerte à la Jeunesse Agricole Catholique.
67. Notre-Dame de Lourdes (rue de Tubize, 74).
Au 74 de la rue de Tubize, une grotte est adossée au pignon de la maison de F.Anciaux. S'y trouve une statue de Notre-Dame de Lourdes. En mai 1966 (source Journal "Dimanche"), on y récitait encore le chapelet.
68. Saint-Joseph (chaussée de Hal, 38).
A deux pas de la maison Samain sise chaussée de Hal, 38, on trouve avec émotion un simple tronc d'arbre de 280 mm de diamètre et de 1250 mm de haut surmonté d'une croix en fer tordu. C'est le rappel de la mort du fils Bernard fauché dans la fleur de l'âge, le 23 octobre 1974. Ce poignant témoignege abrite, en plus du triangle familier, une statuette de Saint-Joseph blottie au creux de cette grosse buche plantée à droite de la grand-route meurtrière.
69. Notre-Dame de Hal (rue du Grand Lombroux, 1).
En 1966 encore était visible au n°1 de la rue du Grand Lombroux, une jolie potale surplombant la porte d'entrée de la fermette. Une statue de Notre-Dame de Hal garnissait la niche de cette ancienne métairie propriété de la comtesse de Briey. De nos jours, la vieille potale authentique a disparu laissant la place à une niche portail en pierres blanches.
70. Saint-Remy (endroit inconnu).
Cette chapelle dont la localisation et les particularités sont inconnues à l'heure actuelle est mentionnée dans les registre de la fabrique d'église Saint-Remy de l'année 1869.
Chapelles découvertes lors du recensement photographique de 2007.
71.a. 71.b. 71.c.
sentier des Perrinnes rue du Chapitre, 13 rue Vanschepdael, 5
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Avant de clôturer ce premier parcours historique consacré aux chapelles oubliées de Braine-le-Château, nous voudrions retracer brièvement l'histoire de deux autres oratoires, plus importants, mieux connus, bien que sur le point de s'estomper également dans la mémoire collective : les chapelles Sainte-Croix et Notre-Dame-au-Bois.
Les textes qui suivent sont extraits de l'ouvrage de l'abbé Corneille STROOBANT - Historique et généalogie sur les Seigneurs de Braine-le-Château et Haut-Ittre - Bruxelles 1849.
A. La chapelle Sainte-Croix.
Vers le commencement du seizième siècle, Arnould de Hornes, seigneur de Braine-le-Château, fit don à l'église d'une parcelle de la vraie croix, rapportée de Rome par un de ses pieux ancêtres. Cette précieuse relique fut bientôt visitée et honorée par un grand nombre de fidèles ; ce qui engagea Marguerite de Montmorency, veuve d'Arnould, et son fils Maximilien de Hornes, à placer des stations autour de l'église pour rappeler les principaux faits de la passion du Sauveur. C'est le plus ancien chemin de la croix dont il soit fait mention dans les archives de l'évêché de Cambrai.
Jacques de Croy, évêque de Cambrai, pour augmenter encore cette dévotion, accorda, par ses lettres du 9 septembre 1513, quarante jours d'indulgence à tous ceux qui visiteraient lesdites stations, les dimanches, les fêtes et les vendredis, et vingt jours, les autres jours de la semaine.
Quelques années après, le seigneur, le curé et le magistrat de Braine-le-Château achetèrent une colline, nommée le mont Calvaire, au nord de l'église, et y firent bâtir une petite chapelle en l'honneur de la Sainte-Croix. Ils érigèrent aussi contre le chemin, qui mène de l'église à cette chapelle, quatre stations en mémoire de la passion, de la mort, de la sépulture et de la résurrection du Seigneur. Robert de Croy, évêque de Cambrai, à la prière de Martin de Homes et de sa femme Anne de Croy, par ses lettres du 12 septembre 1550, confirma les indulgences accordées par son prédécesseur, y érigea une confrérie et permit de faire une procession solennelle le jour de l'Exaltation de la Sainte-Croix (14 septembre), d'y prêcher et d'y chanter la messe ce jour-là, ainsi que le jour de l'Invention de la Sainte-Croix (3 mai).
En 1616, l'abondance des aumônes et la libéralité du seigneur François de Homes et de sa belle-sœur Julienne de Merode permirent de bâtir une chapelle plus spacieuse, que l'archevêque de Cambrai, François Van der Burch, vint consacrer en personne, le 19 avril 1617
Sa Sainteté le pape Innocent X, par son bref du 31 juillet 1654, approuva l'institution de la confrérie de la Sainte-Croix et l'enrichit d'un grand nombre d'indulgences.
B. La chapelle Notre-Dame-au-Bois.
La cense de Basse-Lurbecq était habitée, vers la fin du dix-septième siècle, par le fermier propriétaire Pierre Duchesne. C'était un homme probe, honnête et laborieux, animé de la plus tendre dévotion pour la Sainte .Mère de Dieu, Le ciel, sans doute, voulut le récompenser de son zèle à la servir. Un jour de l'année 1697, il revenait seul d'Enghien et suivait, en priant son chapelet, la route qui devait le conduire à sa demeure, lorsqu'on traversant Saintes, il vit un groupe d'enfants jouant avec une petite image de la sainte Vierge, sculptée en bois. Craignant que la petite statue de la Reine des Anges ne vînt à être brisée par eux, il leur proposa de l'échanger contre les joujoux qu'il rapportait à ses enfants ; car Pierre Duchesne était aussi bon père que fervent chrétien, et jamais il ne serait revenu d'un voyage, quelque court qu'il fût, sans porter à sa petite famille un petit souvenir du lieu où il avait dû se rendre.
Nos petits campagnards, comme on le pense bien, acceptèrent avec empressement l'échange que leur proposa le fermier, et celui-ci emporta, non moins joyeux qu'eux, la sainte image et raconta à son retour au logis par quel hasard elle était venue entre ses mains.
Il se mit aussitôt en devoir de fabriquer une petite chapelle en bois , y fixa la statue, et la suspendit au tronc d'un arbre au milieu des bois communs, contre le grand chemin qui mène de Braine-le-Château à Ittre. Sa Vierge, comme il se plaisait à l'appeler, ainsi exposée aux regards des passants ne tarda pas à devenir l'objet de la vénération publique. Quelques malades, l'invoquant avec confiance y obtinrent leur guérison.
Pierre Duchesne voyant sa Vierge honorée de cette manière et pénétré de reconnaissance envers elle, et d'admiration pour les éclatantes faveurs qu'elle répandait sur ceux qui venaient la visiter, lui fit bâtir une petite chapelle en briques, sur le devant de la quelle il plaça une pierre portant cette inscription :
S. MARIE REFUGE DE CEUX QUI
SON VEXEZ DE LA FIEVVE
PRIE POUR NOUS
Le nombre des pieux pèlerins augmenta encore de jour en jour; c'était surtout aux fêtes de la sainte Vierge qu'un concours innombrable de monde se portait vers ce lieu marqué par tant de grâces signalées, accordées par le Tout-Puissant à l'intercession de sa Sainte Mère. Aussi Duchesne avait-il résolu d'ériger une chapelle plus grande, lorsque le 16 septembre 1739, son âme fut rappelée dans le sein de son créateur pour jouir éternellement du bonheur réservé aux vrais serviteurs de Dieu et de Marie.
Ce fut le sieur Marchant, bailli de Braine-le-Château, qui réalisa le projet formé par Duchesne. Il fit bâtir une chapelle plus spacieuse en 1740 : c'est celle qui existe encore de nos jours. La sainte Vierge continue a y être invoquée sous le touchant titre de Mère De Miséricorde : tous les vendredis et principalement pendant le carême un grand nombre de pèlerins s'y rendaient pour exposer à Marie leurs besoins spirituels et temporels. L'archevêque de Malines, Engelbert Sterckx, pour augmenter encore cette dévotion, accorda, le 14 juin 1833, soixante jours d'indulgence à tous ceux qui viendraient y prier pendant quelque temps.
S. S. Grégoire XVI, à la demande du curé F. Caris, par un indult perpétuel du 29 novembre 1833, accorda une indulgence plénière, applicable aux fidèles trépassés, à tous ceux qui, après s'être confessés et avoir reçu la sainte communion, visiteront la chapelle et y prieront suivant les intentions du souverain Pontife, le jour de l'Assomption (15 août) et le dimanche après la Visitation de la Sainte-Vierge (6 juillet). C'est en ce dernier jour que se fait la procession solennelle de Notre-Dame-au-Bois.
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N'hésitez pas à laisser un commentaire, à apporter une précision, une rectification ou à nous contacter.
II. L'ABBAYE CISTERCIENNE DE NIZELLES.
L'abbaye de Nizelles sise aux confins d'Ophain et de Wauthier-Braine.
Les lieux au XVIIIème siècle.
Dessin du R.P. Norbert ELOY.
Sources :
Le présent parcours historique a trouvé ses sources de documentation dans les études suivantes :
- René PEDE : "1441, une fondation cistercienne tardive : l'ancienne abbaye de Nizelles" - Glanures au fil du temps - Revue du Cercle d'Histoire et de Généalogie de Braine-l'Alleud - novembre 1990/juillet 1991. Contact : brania@skynet.be
- Martine GILLIS : "L'ancienne abbaye de Nizelles" - Etude architecturale - 1986 - Mémoire présenté en vue de l'obtention du grade de licenciée en archéologie et histoire de l'art. U.C.L.
Vue aérienne du site de l'abbaye.
1. Naissance de l’abbaye : la fontaine Notre-Dame au Chêne usé.
Le 25 juin 1439, l’abbé de l’abbaye cistercienne de Moulins (vallée de la Molignée entre Namur et Dinant – entité de Anhée, village de Warnant), Pierre d’Amsterdam, ne se sentant plus en sécurité en raison de nombreux conflits locaux entre les Princes de Lièges et le Comte de Namur, achète à Jean Wittebore le fief de la chapelle de Nizelles situé sous Ophain, à la limite de Wauthier-Braine, contenant environ neuf bonniers (soit environ neuf hectares) de terre dont trois sont entourés de vieilles murailles et englobent dans leur enceinte une chapelle en ruines (probablement construite au XIIème siècle) dédiée à Notre-Dame ainsi qu’une source dite miraculeuse dénommée « fontaine de Notre-Dame du Chêne usé ».
Descente vers la source miraculeuse.
En août de la même année 1439, l’abbesse du Chapitre noble de Nivelles, Christine de Franckenberg promet de contribuer à l’érection d’un prieuré à cet endroit et prend notamment engagement pour une libéralité de « douze cens pietres de prest argent… », selon un écrit du 15 décembre 1439. Elle fut ainsi reconnue comme la première et principale fondatrice de l’abbaye.
Ecrit du 15 décembre 1439 (collec. famille Desenfans).
Le 18 septembre 1440, Jean de Bourgogne, évêque de Cambrai, donna la permission d’ériger un monastère cistercien à Nizelles
Le 18 juin 1441, à la requête de Philippe Duc de Bourgogne, les abbés des abbayes d’Aulne et de Cambron, commissaires de l’Ordre de Cîteaux pour les diocèses de Liège et de Cambrai, reconnurent officiellement, après avoir visité les lieux, l’incorporation du monastère de Nizelles à l’Ordre de Cîteaux. Le même acte stipule que Nizelles est une filiation du monastère de Moulins.
Entrée principale de l'abbaye.
L’abbaye de Nizelles est une fondation tardive de l’ordre de Cîteaux. En effet, la plupart des grandes abbayes cisterciennes furent fondées au XIIème siècle. Citons notamment Orval (1132), Les Dunes (Coxide-1138), Villers-la-Ville (1146), Aulne (1147), Cambron (1148)…
Alors que le XIIIème siècle connut la prospérité de ces abbayes, le XIV siècle reflétait déjà un certain déclin de l’ordre.
En réalité, comme nous l’avons évoqué ci-devant, cette fondation tardive à Nizelles s’explique par le fait que les religieux de Moulins souhaitaient essentiellement construire un refuge pouvant leur servir de lieu de retraite en cas de troubles dans leur contrée. Ce n’est, en fait, que suite aux libéralités de l’abbesse de Nivelles que le prieuré fut directement érigé en abbaye indépendante incorporée à l’Ordre de Cîteaux et placée sous la direction d’un père abbé.
Vue latérale Sud-Est des bâtiments.
2. Topographie
Située au creux d’un vallon, entourée de bois et de champs, l’abbaye de Nizelles est contiguë à la ferme abbatiale qui la surplombe. Une source souterraine coule vers le puit situé dans le jardin. Elle fournissait l’eau nécessaire aux religieux puis s’en allait vers le Nord alimenter les étangs en y activant un moulin. Les terres entourant l’abbaye sont de très mauvaise qualité et pratiquement impropres à la culture. Il s’agit pour la plupart, de terres sablonneuses et de prairies souvent marécageuses.
La ferme de l'abbaye dite de "Haute Nizelles".
La physionomie du site a été considérablement modifiée par la construction de l’autoroute Bruxelles-Mons-Paris et particulièrement la bretelle de jonction du ring Est-Ouest de Bruxelles. L’environnement pittoresque d’antan a été considérablement dégradé…
Les lieux vus par satellite (Google Earth).
3. Toponymie
Le nom de Nizelles semble trouver son origine dans des racines germaniques :
« NIWJA » voulant dire « nouveau » et « SALI » signifiant « maison ne comprenant qu’une pièce ».
La plus ancienne mention de ce toponyme remonterait à l’année 1173. Au cours des siècles, l’appellation connut plusieurs variantes : Nizelle, Niselle, Nizella, Nisella, Nysele, Nyzelle, Nyzeel, Nyzella, Nisel, Nizelles.
La communauté religieuse qui s’y établit adopta simplement la dénomination topographique préexistante.
4. Armoiries
Armoiries de l'abbaye de Nizelles.
Dessin réalisé par
Mémoire du Patrimoine Héraldique Hainuyer.
"d'argent chargé d'un N de sinople posé sur une crosse en pal,
accompagné à dextre et à senestre de deux ailes de synople."
Souvent les cisterciens se bornèrent à reproduire les armes de leurs fondateurs ou de leurs principaux donateurs en y ajoutant ou retranchant parfois quelques détails. Certaines abbayes font figurer sur leur blason l’initiale ou les premières lettres de leur nom. D’autres enfin font allusion au nom même du monastère souvent au prix d’un jeu de mots d’un goût parfois douteux. C’est le cas de Nizelles.
Nous avons vu ci-avant que l’abbé de Cambron (Nicaise Ninem) et l’abbé d’Aulne (Gobert) furent délégués par l’abbé de Cîteaux pour visiter les lieux où l’abbesse de Nivelles se proposait de fonder le monastère à Ophain. L’abbé Ninem de Cambron avait un blason de sinople (vert) chargé d’un « N » posé sur une crosse en pal (verticalement). Le premier abbé de Nizelles s’est donc fortement inspiré des armoiries personnelles de l’abbé de Cambron, le « N » de Ninem pouvant très bien convenir à celui de Nizelles.
Ce blason de l’abbé de Ninem fut cependant quelque peu transformé pour devenir des « armes parlantes ». En effet, on ajouta à droite et à gauche du « N », deux ailes, ce qui donne le rebus suivant :
D’autres armoiries peuvent encore être découvertes sur le site de l’abbaye.
Mentionnons notamment :
a. Les armoiries de Jean d’Assignies, abbé de 1619 à 1640, mort en 1642 :
« fascé de gueules et de vair de six pièces ».
Elles apparaissent sur le manteau de la cheminée de l’abbaye avec la devise « Cultus justiciae silentium » et la date 1620.
b. Les armoiries de Pierre van Hame (ou van Hamme), abbé de 1736 à 1765, mort en 1765 :
« d’or au chevron de sinople accompagné de trois fleurs de lys de gueules ».
On retrouve ces armes accompagnées de celles de l’abbaye ainsi que la date 1757 sur la pierre surmontant la porte offrant le passage du cloître vers le jardin.
c. Les armoiries attribuées à l'abbé Jean Pennemans, abbé de 1701 à 1723 :
"de gueules (?) à trois gerbes liées posées 2, 1.".
Ces armoiries n'apparaissent pas sur une pierre des bâtiments de l'abbaye mais bien au dessus de la porte du corps de logis de la ferme voisine dite de Haute-Nizelles. Les gerbes sont une allusion à la grange que fit construire l'abbé où s'entassaient les réserves de blé.
Date 1718 et devise "Requiem in labore" gravées sur la pierre.
L'abbé Pennemans se serait inspiré des armes de la famille brabançonne Penneman qui portait "de gueules à trois rocs d'or" en remplaçant les rocs par des gerbes.
d. Les armoiries figurant sur la porte intérieure du salon rouge (bâtiment des moines).
Sur le panneau du haut, "d'azur au chevron d'or accompagné de deux poissons et d'un oiseau du même, les poissons posés en chef."
Sur le panneau du bas, une représentation déformée des armoiries de l'abbaye : la crosse qui devrait être posée en pal sur le "N" est devenue une tête de lévrier placée en médaillon...
Selon nos sources précitées, l'artiste qui s'est chargé de ce travail en 1959 s'est inspiré du panneau d'une ancienne porte peinte qui était à l'époque accrochée au mur du cloître ainsi que du blason repris au dessin du père Eloy de 1952 (coin inférieur droit).
La banderole chargée de "Pace in silencio" a été oubliée mais on peut lire dans les coins supérieurs de la porte "In labore requies".
Madame Gillis évoque la thèse selon laquelle le panneau porterait la représentation des armes de l'abbé Fortamps lequel, ne possédant pas d'armoiries familiales, aurait emprunté celles d'un patronyme proche à savoir "Forteau" en remplaçant deux des trois oiseaux par deux poissons.
La famille Forteau portait : "d'azur au chevron d'or accompagné de trois oiseaux du même".
Monsieur Pède ne peut la suivre dans cette voie et soulignant que Madame Gillis n'a visiblement pas eu connaissance du fait que la famille Fortamps possèdait bien des armoiries propres : "d'azur à trois trèfles d'argent". D'origine nivelloise, une branche de cette famille s'installa à Braine l'Alleud au XVIIème siècle et plusieurs de ses membres furent des personnalités marquantes de cette cité. Il est donc peu vraisemblable, conclut Monsieur Pède, que l'abbé Fortamps ait cru bon de transformer ses armoiries familiales à ce point.
La devise "In labore requies" ne nous aide pas d'avantage dans notre recherche lorsque l'on se souvient qu'elle était celle de l'abbé Penneman dont nous avons parlé ci-avant.
Le mystère des armoiries représentées sur le panneau supérieur de cette porte reste donc entier à ce jour.
e. Les armoiries de l'abbaye
figurant sur le linteau de la porte du bâtiment des moines, côté Est.
On y découvre également les mentions "Nizella" et la date "1726".
5. Le père Dom Bernard de Montgaillard (1562-1628).
Parmi tous les pères abbés dont la liste figure ci-dessus, Bernard de Montgaillard fut, de loin, le plus illustre.
Bernard de MONTGAILLARD - Gravure par l'abbé N. Tillière
Il naquit le 3 décembre 1562, et entra encore jeune à l’abbaye de Feuillant, près de Toulouse. Jean de la Barrière venait de commencer la réforme de cette abbaye, en 1573. Lorsque celui-ci fut invité par Henri III à fonder un couvent à Paris, rue Saint Honoré, il choisit Bernard comme supérieur.
Au moment où la Ligue divisa l’adhésion des français à Henri III qui fut accusé de favoriser les Huguenots, Barrière resta fidèle au roi, tandis que Montgaillard s’opposa, tant à son supérieur qu’au roi.
Lorsque le Pape convoqua les chapitres généraux des Feuillants en Italie, afin de les réconcilier avec les cisterciens, les deux hommes étaient toujours en dispute, pour des raisons que les historiens d’aujourd’hui ignorent. Toujours est-il que le légat du Pape imposa à chacun d’eux de se démettre de ses fonctions. Jean de la Barrière fut démis et assigné à résidence à Rome. Bernard de Montgaillard fut expulsé de la congrégation des Feuillants et, à cause de son opposition au roi de France, il fut envoyé à l’abbaye Saint Sauveur d’Anvers, en Belgique, réputée à cette époque comme étant la « prison de l’Ordre Cistercien ».
Bernard y reçut finalement l’habit cistercien, avant de se faire remarquer par les archiducs Albert et Isabelle. Ceux-ci le choisirent comme prédicateur ordinaire et le nommèrent abbé de Nizelles. Il y exerça sa charge de 1601 à 1605.
Lorsque l’abbé d’Orval mourut en 1605, Bernard se fit nommer à la tête de cette abbaye par l’archiduc, malgré l’opposition irréductible des moines ; il y pénétra le 30 juillet 1605 accompagné des ... dragons de son protecteur. Dom Denis Largentier, abbé de Clairvaux et partisan de la réforme cistercienne, vint à son aide afin d’apaiser les esprits. Malgré cette aide extérieure, Bernard, que l'on appelait le "Petit Feuillant", dut lutter de longues années pour se faire accepter par sa communauté. A force de patience et de sang froid, il rendra à l'abbaye d'Orval le lustre qu'elle menaçait de perdre et sera retenu par l'histoire comme "le plus illustre des abbés".
6. La malheureuse histoire de l'abbaye.
Dès le début de son existence, l’abbaye de Nizelles connut bien des situations difficiles. En premier lieu, parce que l’abbesse de Nivelles ne put tenir sa promesse de pourvoir « à tout ce qui est nécessaire » en raison, semble-t-il, de l’opposition manifestée par sa famille à l’égard de ses engagements (cette dernière s’en acquittera toutefois au décès de l’abbesse). Le premier abbé, Jean Eustache, confronté à de graves difficultés financières, obtint de Philippe, duc de Bourgogne, par donation, ainsi que du doyen de Saint-Lambert à Liège, par dispositions testamentaires, d’importantes sommes d’argent mais, avant qu’il ait pu en faire usage, tout cet argent lui fut volé…
Divers dons de personnes pieuses permirent à l’abbaye de subsister tant bien que mal. Des héritages, acquisition de privilèges, droits de chasse et de pâtures ainsi que des échanges de terres apportèrent enfin une certaine aisance à la fin du XVème siècle.
Un premier incendie survint durant l’hiver 1502-1503 ; il fit s’effondrer bien des espoirs. Un incendie «de pur hasard » qui n’aurait laissé que cendres de l’église, du dortoir et de toutes les annexes. D’une destruction aussi totale où tout périt, on peut émettre l’hypothèse que ces constructions étaient légères : peut-être le système de colombage ou du pan de bois reposant sur un soubassement pierreux, le tout probablement couvert d’un toit de chaume.
L’abbaye fut reconstruite grâce à de nouveaux dons et la nouvelle église consacrée en novembre 1506.
Mais les temps étaient troublés. Les guerres de religions, les Gueux et, profitant des dissensions intérieures, les Français qui tentèrent de s’emparer du pouvoir. Ces derniers, retirés dans Hal, en furent délogés en 1577. Ils se répandirent dans le voisinage et boutèrent le feu à de nombreuses maisons religieuses. Nizelles brûla partiellement. S’en suivit une dispersion des religieux ruinés.
Les ruines actuelles de l'église (dernier incendie en 1845).
En 1601 arriva Bernard de Montgaillard (cf. supra). Favorisé par les archiducs Albert et Isabelle, il souhaitait faire de Nizelles un noviciat général de l’Ordre pour l’ensemble des Pays-Bas. Il y fit édifier un très beau jardin et quelques petits bâtiments destinés aux novices. Le projet s’arrêta toutefois en 1605 lorsqu’il fut nommé à Orval.
Mais, toujours grâce à des bienfaiteurs, la reconstruction de l’abbaye se poursuivit ce qui permit un nouveau départ.
Des bâtiments furent érigés durant le XVIIIème siècle comme en témoignent deux pierres armoriées :
- la pierre portant les armoiries de Nizelles et les mentions "Nizella" et "1726" ;
- la pierre datée de 1757, portant les armoiries de Nizelles et de celles de l’abbé van Hame, qui marquait probablement la fin du gros œuvre de travaux qui s’étaleront encore sur une vingtaine d’années.
Les lieux au milieu du XVIIIème siècle.
En octobre 1782, Joseph II songea sérieusement à supprimer les ordres purement contemplatifs et il se pouvait que celui de Cîteaux fut compris parmi eux. La menace fut mise en exécution par le décret du 17 mars 1783. L’abbaye de Nizelles cessa officiellement d’exister le 19 avril 1784.
Si le monastère put survivre jusqu’à cette date en dépit des calamités, ce fut certes grâce aux nombreuses libéralités dont il bénéficia mais également au travail des membres de sa communauté, des ouvriers et tâcherons occupés dans ses forêts et enfin grâce aux revenus de ses propriétés foncières.
Le chemin de Nizelles serpentant à travers les bois.
7. Une propriété privée.
Dès avril 1784, Henry Baugniet fut nommé administrateur des biens de l’abbaye pour le compte du « Comités de la Caisse de Religion ». Il en dressa l’inventaire et arriva à la conclusion qu’il convenait de transformer le domaine religieux en deux fermes distinctes afin d’en retirer le maximum de revenus. Des dépenses s’élevant à 15.000 florins furent engagées pour effectuer des transformations à la ferme de Haute-Nizelles et convertir l’abbaye en cense de Basse-Nizelles. A partir de ce moment, les deux entités connurent une destinée propre. D’abord exploitées sous baux à ferme, elles furent ensuite vendues à des particuliers à la fin du XVIIIème siècle.
La Basse-Nizelles deviendra notamment la propriété de M. D. Vanham, de la famille Boeykens et, en 1928, celle des chanoines prémontrés de Bois-Seigneur-Isaac. En 1937, elle fut cédée à Mademoiselle Valentine Desenfans qui en confia l’exploitation à Victor Hussin tout en gardant quelques pièces à titre personnel. Elle fit creuser de nouveaux étangs en 1938 et, vers 1950, décida de faire rehausser la tour qui se trouve à l’extrémité de l’aile méridionale. Des modifications des ouvertures dans les murs des étables et des écuries furent également effectuées.
En 1974, ses héritiers vont vendre le bien qui sera acquit par M. Daniel Bivort qui entreprendra de vastes travaux afin de rendre à l’abbaye une partie de son aspect original : suppression des cloisons, réhabilitation du cloître, restauration des baies, sablage des façades…
A l'intervention du comte Ruggero Melan di Portula et de son épouse, l’ancienne abbaye poursuivit sa transformation.
Le XXème siècle se terminait lorsque le hasard guida les pas du comte Eric d'Humilly de Chevilly à l'Abbaye de Nizelles, une fois encore délaissée et en triste état. Tombé sous le charme du site, il l'acquit le 22 décembre 1999 et depuis n'a eu de cesse de le restaurer.
"Une véritable raison d'être", selon ses propres termes.
Afin de financer les travaux et l'entretien de la propriété, le comte d'Humilly en fit un splendide lieu de réceptions, de rencontres culturelles et de séminaires.
Ce compromis permit de conserver, en dehors des périodes de location, l'âme et l'aspect privé des lieux, chers à son propriétaire.
Concert Haydn à l'abbaye - Octobre 2009.
8. Visite privée des lieux.
Bâtiment des moines (le salon rouge).
Bâtiment des moines (le grand salon).
L'Orangerie - Vue extérieure.
La façade Est du bâtiment des moines et les ruines de l'église.
La façade Ouest du bâtiment des moines et l'Orangerie.
Vue extérieur du cloître et de la tour-colombier.
Seconde entrée de l'abbaye par laquelle nous quittons ces lieux imprégnés d'histoire.
Yvonne Du Jacquier, écrivain attachée aux beautés et aux traditions de notre roman pays écrivait en 1947 :
"De toutes ces chapelles, de tous ces lieux de pélerinage, Nizelles nous paraît le plus touchant. Dans la paix et le silence, on évoque mieux que partout ailleurs, l'âme des disparus, les naïves dévotions et la poésie qui jaillit de ce sol où se succédèrent tant de générations, souvent douloureuses, certes, mais jamais vaincues et toujours prêtes à renaître après les plus rudes épreuves".
Légendes et traditions en roman pays de Brabant, in Revue du Touring Club de Belgique, n°18, page 195 (septembre 1947).
III. LES RIVES DU HAIN.
I. Introduction.
La rivière le Hain prend sa source à Witterzée, au hameau Saint-Martin, au pied de la chapelle du même nom et de la ferme dèl Tour.
Les lieux vus par Google Earth.
Le Hain pénètre sur le territoire d'Ophain près de la ferme de Griponwez et en resort au lieu-dit Timpe et Tard, après un parcours de 3900 mètres dont 500 mètres sont mitoyens avec Lillois. La rivière traverse ensuite les communes de Braine-l'Alleud, Wauthier-Braine, Braine-le-Château, Ittre pour se jeter enfin dans la Sennette au pied du château de Clabecq.
Les termes Brakena ou Braka, devenant Braine, donnèrent l'appellation ancienne de la rivière. La racine "brak" est celte et à l'origine du mot Brackban ou Brabant ; elle a également donné naissance aux noms de Braine-l'Alleud, Wauthier-Braine et Braine-le-Château. Le mot flamand brachen désignait en fait des terrains plus ou moins marécageux, couverts de bruyères et de taillis, fort nombreux jadis dans cette partie du pays.
Au début du XIXème siècle, alors que la rivière portait le nom de ri d'Ophain, on croyait à tort qu'Ophain signifiait Haut-Hain, ce qui donna à penser que le terme Hain s'appliquait au cours d'eau. C'est ainsi que la rivière acquit progressivement le nom qu'elle porte encore aujourd'hui.
Quant à l'origine du mot Hain, il semble qu'il ne signifie pas autre chose que de l'eau, Ophain pouvant dès lors signifier sur l'eau.
Un filet d'eau dans une prairie du hameau Saint-Martin,
la source du Hain.
Durant notre parcours historique, nous nous sommes arrêtés devant les lieux et immeubles remarquables situés le long des rives du Hain de Witterzée à Clabecq.
Ouvrages et sites consultés :
- Ophain-Bois-Seigneur-Isaac - Histoire des chemins, chemins d'Histoire - Jean-Marie Laus - Editions Quorum 1993 ;
- Braine-le-Château en roman païs de Brabant - Joseph Kempeneers - La Taille d'Aulme 1980.
II. Parcours historique en images.
Le CD de ce parcours, contenant les photographies en haute définition et leur légende, a été remis, en novembre 2008, au Président du Cercle d'histoire et de généalogie Brania de Braine-l'Alleud.
L’option du noir et blanc a été prise afin de pouvoir plus aisément dialoguer avec des images du passé.
Pour plus d'informations, veuillez contacter : brania@skynet.be
IV. LA CLE DANS LES ARMOIRIES DE LA COMMUNE D'ITTRE.
Un don différé de Sainte Reinelde à la nouvelle entité fusionnée.
Vers 655, Sainte Reinelde se retira à l’abbaye de Lobbes et fit don à Saint-Pierre, patron de cet oratoire, des terres de Virginal (et autres) qu’elle avait reçues en héritage de son père Witger.
Sceau de l’abbaye de Lobbes – XIIe siècle.
De temps immémoriaux, la terre franche de Virginal eut ses propres armoiries concédées par la communauté religieuse précitée. Ces armes étaient constituées de la clé de Saint-Pierre (l’abbaye en portera deux placées en sautoir), sur un champ d’argent.
Lesdites armoiries furent confirmées à la commune sous la domination française ; on négligea toutefois d’en faire renouveler les titres sous le gouvernement néerlandais.
Le roi Léopold I règlementa les sceaux des communes par arrêté du 6 février 1837. Le 22 décembre de la même année, la conseil communal de Virginal-Samme demanda la vérification et la maintenue de ses anciennes armoiries. Il obtint satisfaction le 31 mai 1838 :
Léopold, roi des Belges,
A tous présents et à venir, salut :
Notre ministre de l’Intérieur et des Affaires Etrangères, nous ayant exposé, dans son rapport du 26 de ce mois, que par délibération, en date du 22 décembre dernier, le conseil communal de Virginal-Samme, province de Brabant, a émis le vœu d’obtenir la vérification et la maintenue des armoiries octroyées anciennement à cette commune ;
Considérant qu’il est suffisamment établi que la commune de Virginal-Samme est en possession, depuis une époque très reculée d’armoiries particulières dont les titres de concession sont égarés ou détruits ;
Vu notre arrêté en date du 6 février 1837 réglant les sceaux des communes ; nous avons accordé et accordons à la commune de Virginal-Samme, les présentes confirmatives avec autorisation de continuer à avoir et à porter les armoiries dont elle a usé jusqu’à ce jour, telles qu’elles sont figurées et coloriées au milieu d’icelles :
d’argent à la clé de sable
Chargeons notre Ministre de l’Intérieur et des Affaires Etrangères, de l’exécution des présentes qui seront insérées au bulletin officiel.
Donné à Bruxelles, le 31 mai 1838.
Léopold
Par le Roi :
Le Ministre de l’Intérieur et des Affaires Etrangères
De Theux
Durant près de 140 ans, la commune de Virginal porta ces armoiries reconnues par le premier roi des Belges. Le fronton de l’ancienne maison communale en témoigne encore de nos jours.
A la suite de la fusion des communes de 1977, les autorités communale de la nouvelle entité d’Ittre décidèrent l’incorporation de la « clé de sable posée en pal, le paneton évidé en losange et tourné à senestre » dans ce qui allait devenir les nouvelles armes de la commune.
Notons que l’ « évidé en losange » est une précision apparue lors du décret de la Communauté française officialisant ces armes en 1998 : décision communale du 1 juillet 1998 – Arrété de l’Exécutif de la Communauté française du 11 septembre 1998 (Armoiries communales en Belgique – 2002 – Tome I – pages 446 à 448).
Il serait intéressant de se pencher plus avant sur les raisons de cet ajout.
En tout état de cause, les armoiries actuelles de la commune d’Ittre se blasonnent officiellement de la façon suivante :
Parti : au 1 de gueules au chevron d’or, au 2 de sinople au lion d’argent, armé, lampassé et couronné d’or, à une pointe retraite d’argent brochante sur la partition et chargée d’une clé de sable posée en pal, le paneton évidé en losange et tourné à senestre
Sans doute eut-il été judicieux de préciser que le paneton était vers le bas, notre clé n’ayant pas sa position « normale » en héraldique :
Position classique
Ci-dessous le dessin paru dans l’armorial communal précité. On remarquera le choix discutable de la couleur sensée représenter l’argent…
Documentation historique :
Histoire de la commune de Virginal par l’abbé Corneille STROOBANT
Histoire des communes belges - Volume 3
Dehou éditeur – 1853.
V. L'EGLISE ROMANE SAINT-LAURENT DE HAUT-ITTRE.
I. Le site
Eglise romane dont le clocher était à l'origine une ancienne tour sarrasine. Au fil des siècles, ce bâtiment défensif se mua en lieu de culte et subit de nombreuses modifications. Cet édifice nous offre un bel exemple des différents courants architecturaux : styles roman, gothique, flamboyant ou encore tardif.
Ancienne tour sarrasine.
Nef centrale
Colonne cylindrique en pierre bleue
Saint-Laurent
II. Vie et Martyr de Saint-Laurent
Laurent serait né vers 210 ou 220 en Espagne, à Huesca, au royaume d'Aragon. Son père s'appelait Orence, et sa mère Patience. Afin de compléter ses études humanistiques et liturgiques il fut envoyé, tout jeune encore, dans la ville de Saragosse, où il fit la connaissance du futur pape Sixte II. Ce dernier, originaire de la Grèce, était investi d’une charge d’enseignant dans l’un des plus importants centres d’études de l'époque et, parmi ses maîtres, le pape était l’un des plus connus et des plus appréciés.
Pour sa part, Laurent, qui devait devenir un jour le chef des diacres de l’Église de Rome, s’imposait par ses qualités humaines, par sa délicatesse d’âme et son intelligence. Entre le maître et l’élève s'instaura une communion et une familiarité qui, avec le passage du temps, augmenta et se cimenta ; entre temps, l’amour qu'ils portaient tous les deux pour Rome, centre de la chrétienté et ville-siège du vicaire du Christ, augmenta au point de suivre un flux migratoire alors très intense et de quitter l’Espagne pour la ville où l’apôtre Pierre avait établi sa chaire et rendu le témoignage suprême. C'est donc à Rome, au cœur de la catholicité, que maître et élève purent réaliser leur idéal d’évangélisation et de mission... jusqu’à l’effusion du sang. Lorsque le 30 août de l’année 257, Sixte II monta sur le trône de Pierre - pour un pontificat qui devait durer moins d’un an - , immédiatement et sans hésiter, il voulut à ses côtés son ancien élève et ami Laurent, en lui confiant la charge délicate de proto diacre, premier des sept diacres de l'Église romaine. Il avait, en cette qualité, la garde du trésor de l'église et était chargé d'en distribuer les revenus aux pauvres.
A cette époque l'empereur Valérien publia de sanglants édits contre les chrétiens, et le pape saint Sixte fut une des premières victimes de cette persécution. Le jour où l'on conduisait au supplice le vénérable pontife, Laurent dont le plus ardent désir était d'être associé à son martyre, le suivait en versant des larmes et lui disait : «Où allez-vous, mon père, sans votre fils ? Saint pontifie, où allez-vous sans votre ministre ?» Saint Sixte lui répondit : «Je ne vous abandonne point, mon fils; une épreuve plus pénible et une victoire plus glorieuse vous sont réservées; vous me suivrez dans trois jours».
Après l'avoir ainsi consolé, il lui ordonna de distribuer aux pauvres toutes les richesses dont il était dépositaire, pour les soustraire à la cupidité des persécuteurs. Laurent distribua donc aux indigents tout l'argent qu'il avait entre les mains, puis il vendit les vases et les ornements sacrés, et en employa le produit de la même manière.
Le préfet de Rome, à cette nouvelle, fit venir Laurent et lui demanda où étaient tous les trésors dont il avait la garde, car l'empereur en avait besoin pour l'entretien de ses troupes: «J'avoue, lui répondit le diacre, que notre Église est riche et que l'empereur n'a point de trésors aussi précieux qu'elle; je vous en ferai voir une bonne partie, donnez-moi seulement un peu de temps pour tout disposer.» Le préfet accorda trois jours de délai.
Pendant ce temps, Laurent parcourut toute la ville pour chercher les pauvres nourris aux dépens de l'Église; le troisième jour, il les réunit et les montra au préfet, en lui disant: «Voilà les trésors de l'Église que je vous avais promis. J'y ajoute les perles et les pierres précieuses, ces vierges et ces veuves consacrées à Dieu; l'Église n'a point d'autres richesses».
A cette vue, le préfet entra en fureur, et, croyant intimider le saint diacre, il lui dit que les tortures qu'il aurait à souffrir seraient prolongées et que sa mort ne serait qu'une lente et terrible agonie. Alors ayant ordonné qu'on dépouillât Laurent de ses habits, il le fit d'abord déchirer à coups de fouet, puis étendre et attacher sur un lit de fer en forme de gril, de manière que les charbons placés au-dessous et à demi allumés ne devaient consumer sa chair que peu à peu. Au milieu de ses horribles tourments, le saint martyr, sans faire entendre une plainte, pria pour l'église de Rome. Quand il eut un côté tout brûlé, il dit au juge : "Je suis assez rôti de ce côté, faites-moi rôtir de l'autre." Bientôt, les yeux au Ciel, il rendit l'âme.
Martyr de Saint-Laurent - enluminure d'un ouvrage du XVe siècle
III. Armoiries présentes dans les vitraux
Le premier blason se lit : d'azur à trois annilles d'or
Il s'agit des armoiries du comte Philippe de Brouchoven de Bergeyck.
Le second : de gueules au chef d'argent chargé de trois merlettes du premier
Il s'agit des armoiries de la comtesse Marie-Thérèse d'Ursel.
Le blason se lit : d'or à cinq roses de gueules, boutonnées du champ, placées 2, 1, 2
Armoiries de la famille de Fooz.
Le premier blason se lit comme ci-dessus
Le second : écartelé : en 1 et 4, de gueules à trois croissants d'argent ; en 2 et 3, d'azur à la fasce d'or
Il s'agit des armoiries de la comtesse Jacqueline Worbert van Wassenaer Starrenburg.
Le premier se lit : écartelé : en 1 et 4, de gueules chargé de billettes d'or au lion rampant du même ; au 2 et 3, de gueules à 5 fusées d'argent ; Hainaut ancien brochant en coeur sur le tout
Le second se lit : de gueules au lion rampant d'or à la queue fendue, armé, lampassé et couronné d'argent
IV. Détails d'architecture
Charpente romane
Clé de voute représentant l'agneau mystique, emblème du Christ
Une clé similaire se retrouve notamment dans le porche d'entrée de l'église
de Saint-Symphorien, près de Mons.
Un tel symbole était fréquemment utilisé par l'Ordre de Malte.
V. Les dalles funéraires de l'église
L'inhumation dans les églises remonte au haut Moyen Âge.
Réservée, à l'origine, au haut clergé, elle fut ensuite accordée aux nobles assumant le financement de l'édifice religieux. Puis des paroissiens, bienfaiteurs de l'église, obtinrent la possibilité d'y avoir une tombe familiale. La sépulture dans l'église progressa particulièrement dans la première moitié du XVIIème siècle. On s’efforçait d’obtenir un endroit où la dalle funéraire pourrait être mise en évidence, où elle serait vue de tous.
Pour les moins nantis, l’inhumation au cimetière entourant l'église paroissiale était gratuite. Là aussi, on recherchait les meilleures places : elles se situaient contre l'église et près de la croix, présence obligatoire au milieu du champ des morts.
Des voix s’élevèrent contre la pratique des enterrements dans l’église. Deux arguments importants furent avancés :
- le dallage dans l'église était sans cesse démonté et remis inégalement
- le manque d’hygiène évident d’une telle pratique en raison de la putréfaction des corps dans un endroit clos, à telle enseigne que l’on était parfois obligé de brûler de la résine et du soufre avant les offices pour dissiper les odeurs.
A la fin du XVIIIe siècle, les villes se développèrent d’avantage. Différentes épidémies sévirent et force fut de constater que les inhumations dans les églises et à l’intérieur des villes ne servaient pas la prévention des maladies.
Le décret de l’Empereur Joseph II d’Autriche du 26 juin 1784 interdit d’inhumer dans les églises et dans les villes et ordonna la suppression des cimetières dans l’enceinte des agglomérations . Toutefois, cette décision fut mal perçue et guère appliquée. Il fallut attendre le 12 juin 1804 pour qu’un décret de Napoléon fixa des règles plus strictes qui furent enfin progressivement respectées.
Nous vous présentons ci-dessous quelques dalles funéraires encore visibles dans l'église Saint-Laurent.
Dalle funéraire du curé Levassaulx décédé en 1500
Dalle funéraire du curé Daniel décédé en 1669
Dalle funéraire de Melchior Delcambe décédé en 1689
Dalle funéraire du censier Duchesne (cense du Mortier)
décédé en 1736
VI. Le trésor de l'église
Statues en bois des XV et XVIèmes siècles - Objets du culte du XVIIIème siècle.
Sources :
- Abbé Corneille Stroobant : Notice historique et généalogique sur les seigneurs de Braine-le-Château et Haut-Ittre - Bruxelles 1849
- Vie des Saints, par le R.P. Simon Martin, religieux de l'Ordre des Minimes, Imprimerie de Madame Laguerre, Bar-le-Duc, 1859